mardi 31 janvier 2012

12 propositions pour refonder une politique nationale d'éducation.


1. Tous capables ! Parce que les différences entre les élèves ne sont pas naturelles mais socialement construites, que l’échec scolaire n’est pas une fatalité, l’affirmation de la capacité de tous les élèves à entrer dans les apprentissages scolaires est au fondement du projet éducatif.

2. L'urgence: un plan de lutte contre les inégalités. L’égalité scolaire implique la gratuité réelle des études pour tous. Des critères nationaux devront être (re)pensés et mis en œuvre pour mettre en place l'école de l'égalité quelles que soient les ressources des collectivités locales. Ainsi, les fonds sociaux et d'aide à la restauration seront rétablis à la hauteur des besoins. Des postes d'assistants sociaux scolaires seront créés. Nous mettrons en place des observatoires des inégalités rassemblant dans les territoires des élus, des parents, l’ensemble des personnels de l’éducation nationale et des élèves à partir du collège ainsi que des personnalités associées. 

3. Un service public d'éducation national, pour garantir un même accès à l'éducation sur tout le territoire en éradiquant les logiques de concurrence qui sabordent notre système éducatif. Nous en finirons avec les politique d'autonomie libérale et mettrons un terme à la politique ségrégative de Nicolas Sarkozy en matière de carte scolaire en faisant primer l'intérêt général. Une sectorisation repensée sera mise en place fondée sur de nouveaux redécoupages, fidèle aux réalités locales, concertée avec tous les acteurs des territoires et encadrée par des observations locaux de la mixité sociale. 

4. À formation commune, qualification égale. Nous garantirons le droit à une qualification égale pour ceux qui ont suivi une même formation : défense du cadre national des diplômes, validation de toutes les années d’étude dans les conventions collectives. 

5. Construire une culture commune ambitieuse. Le commun est porté par des valeurs laïques, les mêmes contenus de savoirs pour tous et par les modalités d’apprentissages, qui privilégient l’apprendre ensemble, l’exercice de la pensée et l’autonomie intellectuelle. Les mêmes programmes doivent être enseignés à tous jusqu'à la fin du collège pour que l'orientation dans les différentes voies du lycée, générale, professionnelle ou technologique, soit un vrai choix. Nous développerons les passerelles entre les voies. L'investissement de l'État dans l'enseignement professionnel sera augmenté de 50 % pour que les enseignements techniques professionnels et généraux soient d'égale qualité. Parce qu'il faut du temps pour apprendre à tous des savoirs plus complexes, la scolarité obligatoire sera portée à 18 ans. 

6. Défendre et transformer l'école maternelle. L’école maternelle sera obligatoire à partir de 3 ans, accessible dès 2 ans pour les familles qui le souhaitent. Réduction des effectifs et refonte des programmes permettront à tous les enfants, en particulier ceux issus des classes populaires, de devenir élèves. 

7. Refonder l'école sur le modèle de l'élève qui n'a que l'école pour apprendre. Les programmes et l'ensemble de l'école devront être refondés sur le modèle de l'élève qui n'a que l'école pour apprendre les savoirs scolaires afin de réduire l’échec scolaire, de donner à tous les clefs pour entrer dans les apprentissages scolaires, s’émanciper, et ce sur tous les champs de la connaissance. Le service public d'éducation nationale devra prendre en charge tous les apprentissages nécessaires pour réussir à l'école : il faut en finir avec la délégation aux familles, aux collectivités locales ou aux cours privés. L'école doit se faire à l'école. 

8. Redonner sens au métier d’enseignant est une priorité. Une nouvelle réforme de la formation des enseignants articulera formation de haut niveau dans la ou les disciplines à enseigner, formation professionnelle et ouverture à la recherche et s'appuiera sur des pré-recrutements. Nous soutiendrons la relance de la recherche en éducation, la formation continue et la création de temps d’échanges pédagogiques, de réflexion et d’élaboration dans les établissements. Nous renégocierons les règles de gestion pour en supprimer tout arbitraire. Le statut de fonctionnaire d'État, garantie de la liberté pédagogique et de l'égale qualité du service public sur tout le territoire, sera renforcé. Il ne saurait être question d'accroître la charge de travail des enseignants ou de diversifier leurs tâches. 

9. Tous les parents ont leur place à l'école. Nous créerons un statut de représentant de parents d’élèves pour permettre à tous les parents de participer à la vie des établissements. Des temps et des lieux aménagés pour les rencontres avec l’équipe éducative devront être mis en place. 

10. Associations éducatives et pédagogiques laïques partenaires de l'école publique (associations complémentaires de l'école, mouvements pédagogiques et d'éducation populaire). Ces associations ont toujours agi avec, dans et autour de l’école. Elles contribuent à la promouvoir, à la rendre plus démocratique et font vivre les valeurs de laïcité et d’éducabilité de tous. Nous proposons de pérenniser leurs financements et promouvoir leur action. 

11. La politique d'éducation doit aussi s'adresser aux jeunes en voie de délinquance ou de déscolarisation. Nous privilégierons la prévention et nous abolirons les lois sécuritaires dérogeant aux principes de l’ordonnance de 1945. Nous travaillerons à la protection des jeunes en créant des structures d’accueil et en formant des personnels éducatifs et judiciaires. Les collectivités locales doivent retrouver les moyens pour aider les travailleurs sociaux et les familles qui demandent l'aide éducative à domicile pour les mineurs comme pour les jeunes majeurs. 

12. Dépenser pour l'école, c'est investir dans l'avenir. Nous stopperons les suppressions de postes et engagerons un plan de recrutement dans l'Éducation nationale sous statut de la Fonction publique d’État rétablissant, notamment, tous les postes supprimés depuis 2007. Dans l'immédiat, nous proposons de porter la part du budget de l’état consacré à l’éducation de 5,6% à 7% du PIB.



Depuis plusieurs années déjà, et notamment depuis la loi Fillon de 2005, les attaques contre l’école maternelle et primaire, le collège, le lycée et les universités, contre les enseignants et les postes, sont nombreuses et récurrentes. En les multipliant et en accélérant le rythme, la politique de Nicolas Sarkozy a réussi, en quatre ans et demi, à mettre à terre le service public d’éducation.
Rappelons là certaines mesures prises depuis 2007 : remise en cause de la scolarité des 2-3 ans avec la mise en place de jardins d’éveil à la charge des collectivités et des contribuables ; réduction drastique des subventions aux associations d’éducation populaire et aux mouvements d’éducation nouvelle ; criminalisation du traitement de la violence à l’école et plus généralement de la jeunesse ; réduction de l’éducation prioritaire à un repérage des « élèves à risque » ; fichage des élèves et dénaturation de la statistique scolaire ; sabordage de la formation des enseignants ; renforcement de l’autonomie et de la concurrence des établissements scolaires sur le modèle du management néo-libéral ; dérégulation de la carte scolaire, privilèges et préférences donnés à l'enseignement privé ; attaques contre le savoir et la pédagogie, suppressions de postes, développement de la précarité …
Sans être exhaustive cette liste illustre de façon accablante la régression considérable et brutale de notre système éducatif. Comme si la coupe n’était pas encore assez pleine, l’UMP propose encore récemment une réhabilitation des filières au collège dans l'unique but de renforcer les logiques ségrégatives et de développer les sorties précoces du système éducatif nous ramenant quelques trois décennies en arrière. Preuve que, sans un coup d’arrêt net à cette politique destructrice de la droite en 2012, d’autres phases de régression sont encore devant nous, comme en témoigne le projet d’évaluation des enseignants portant atteinte à leur professionnalité et instituant un arbitraire et une mise en concurrence des individus.
Cette politique nous devons la combattre parce qu’elle est injuste, cynique, inefficace et opposée en tous points aux valeurs de justice, de progrès et de libertés défendues par le Front de gauche, par de nombreuses organisations et par de très nombreux concitoyens. Notre projet rejoint en effet les mobilisations citoyennes et professionnelles qui ont vu le jour sur tout le territoire, pour dire non à cette politique, sans jamais avoir été entendues. Jamais la population n’a marqué un tel rejet car c’est bien la mort du service public d’éducation qui est en jeu. Personne n’est dupe, l’école de la droite c’est celle du chacun pour soi, de l’égoïsme, de la loi du plus fort et du plus riche, écartant une grande partie de la population scolaire du droit à l'éducation et à la poursuite d'études.
Elle tourne non seulement le dos aux aspirations de la population, mais également à tous les acquis des chercheurs et des pédagogues. Le rôle de la scolarisation en maternelle dans la prévention de l’échec scolaire est incontestable. Une école plus égalitaire nécessite aujourd'hui de relancer une éducation prioritaire qui soit soutenue par des moyens d’une toute autre ampleur que ces dernières années et qui affirme la capacité de tous les élèves à réussir. Les systèmes scolaires les plus démocratiques sont ceux qui s’abstiennent de toute mise en concurrence des écoles et des familles, qui bannissent le libre choix de l’école, qui misent sur la formation des enseignants et surtout qui investissent dans l’éducation : bref l’inverse de la politique actuelle !
Contre les orientations prises depuis 2007 les rappels à l’ordre ont été nombreux. Les chercheurs ont analysé les effets délétères des mesures prises : l’aggravation de la ghettoïsation scolaire et de la fragmentation de l’école sont les préludes à un véritable séisme social. De nombreux rapports provenant des organismes d’État (Cours des comptes, Inspection générale) ont tiré à plusieurs reprises le signal d’alarme, en vain. Les organisations internationales ont également pointé les excès d’élitisme, le désengagement de l’État et l’accroissement inconsidéré des inégalités. La France apparaît en effet aujourd’hui aux yeux du monde comme l’un des pays les plus inégalitaires en matière de scolarité obligatoire. Jamais donc une politique dite éducative n’a fait à ce point l’unanimité contre elle et suscité autant d’indignation collective. L’UMP et le gouvernement actuel peuvent-ils avoir raison contre les concitoyens, la communauté éducative et la communauté scientifique ?
Face à ces constats le Front de gauche ne se contente pas de dénoncer : il propose un projet éducatif à la hauteur de la situation, et non un aménagement de l’existant. Le Front de gauche refuse de penser sa politique éducative dans le cadre du budget contraint érigé en dogme par les politiques d’austérité. Son projet ne résulte pas d’une quelconque « convention-spectacle » ou d’une commission fermée réservée à quelques technocrates ; il résulte d’une réflexion menée avec la population elle-même, au cours des assemblées citoyennes, avec les enseignants, les chercheurs, les mouvements pédagogiques et les réseaux divers. Le projet se veut ouvert et non figé et construit autour d’une idée centrale : l’école de l’égalité. Trop souvent galvaudé et instrumentalisé, ce terme doit retrouver à présent tout son sens.
L’école de l’égalité c’est avant tout une école humaniste et progressiste, laïque, indépendante des logiques de marché et de l’utilitarisme économique. C’est une école qui renoue avec la culture, la connaissance et les idéaux collectifs. Elle permet à tous les élèves, scolarisés de 3 à 18 ans, d’acquérir une culture commune, une qualification reconnue et de s’émanciper. C’est une école où pas un jeune ne sort sans une qualification.
C’est une école qui affirme la capacité de tous les élèves à apprendre et réussir, et la place au centre des politiques éducatives et pédagogiques. Elle donne les moyens à toutes et tous de trouver sa place. Cette école est résolue à prendre le parti d’une réduction des inégalités et qui abroge les logiques de concurrence et de management en cours. C’est une école qui cesse de considérer ses personnels comme un fardeau, mais qui, récusant toute forme d’autoritarisme et s’appuyant sur des professionnels respectés et revalorisés, dotés des moyens de bien faire leur travail, redonne aux enseignants, à tous les personnels éducatifs, aux parents d’élèves et aux jeunes toute leur place et toute leur légitimité. C’est enfin une école qui traitera de l’urgence absolue de la refonte totale de la formation des enseignants et qui enrayera le cercle vicieux de la désaffection de la profession enseignante produite de toute pièce par le pouvoir actuel.
L’école de l’égalité s’inscrit dans le projet global du Front de Gauche et nécessite des ruptures radicales avec l’ordre établi.
Ce projet nécessite une mobilisation de toutes les forces de notre société à la fois pour en débattre, en préciser les grands axes et agir pour les faire aboutir. C'est un instrument essentiel pour répondre aux attentes et aux besoins et contribuer à construire une autre société.
Construisons l'école de l'égalité !

lundi 9 janvier 2012

La grande arnaque de la « TVA sociale »



Décryptage de l’Humanité du 3 janvier 2012 :
1. De la cotisation sociale à l’impôt
Réclamé à cor et à cri par le patronat depuis des années, soutenu par l’UMP (même si l’impopularité de l’affaire l’a amenée jusqu’ici à une certaine réserve), le projet de «  TVA sociale  » vise à transférer une partie du financement de la Sécurité sociale (on évoque en particulier la branche famille), actuellement assuré par les cotisations sociales, sur l’impôt. C’est une remise en question profonde du système mis en place à la Libération. La cotisation sociale, loin d’être le fardeau décrit par les libéraux, est un prélèvement sur la richesse créée, un «  deuxième salaire  » – ou salaire socialisé – redistribué aux salariés et à la population sous forme égalitaire par la Sécu. C’est ce qui justifie que celle-ci soit gérée par les représentants des salariés. Le patronat n’a jamais véritablement admis que ce pouvoir et cet argent lui échappent. Les sommes en jeu sont considérables  : le projet de l’UMP envisage ainsi 
un transfert de 30 milliards d’euros sur cinq ans. Au-delà des conséquences économiques et sociales, 
le recours à la fiscalité modifierait la nature de la Sécu  : cela ouvrirait la voie à son étatisation complète, soumettrait son financement aux arbitrages des gouvernements, permettrait ainsi de renforcer les pressions sur le niveau de la couverture sociale. Et, au final, créerait les conditions de la privatisation.
2. Nouvel habillage pour une vieille recette, 
la baisse du « coût » du travail
Ce n’est pas un hasard si le Medef en est le plus chaud partisan. Présenté sous l’étiquette séductrice, mais trompeuse, d’arme antidélocalisation, le projet de «  TVA sociale  » s’inscrit dans l’offensive engagée depuis des années par le patronat pour baisser le « coût » du travail. Un coût considéré comme le principal obstacle à l’emploi et à la compétitivité des entreprises, en «  oubliant  » au passage la facture des prélèvements opérés au bénéfice du capital (dividendes versés aux actionnaires, etc.). Cette fois, le Medef propose d’aller beaucoup plus loin  : relever de 3,4 ou 5 points les taux de TVA en contrepartie d’une réduction des cotisations patronales de 3,5 à 7,5 points et des cotisations salariales de 1,5 à 4,5 points. Le transfert global pouvant s’élever à 70 milliards d’euros. À les entendre, les entreprises ainsi allégées de cotisations pourraient baisser leurs prix, neutralisant ainsi l’effet de la hausse de la TVA et, du coup, résister aux délocalisations, d’autant que, parallèlement, la «  TVA sociale  » pénaliserait les produits importés. Un nouvel habillage pour une vieille recette déjà largement éprouvée  : voilà trois décennies que les gouvernements successifs additionnent les allégements multiformes de charges sociales, pour un coût énorme pour l’État et les contribuables (les seuls allégements de cotisations sur les bas salaires s’élèvent à 21,8 milliards d’euros dans le budget 2012), mais sans effet avéré sur le chômage ni sur la désindustrialisation.
3. Salaires et pouvoir d’achat seront amputés 
à proportion du nombre de points de TVA
L’impact de la « TVA sociale » sur la baisse du pouvoir d’achat des Français est dénoncé par la gauche. Mais aussi par la droite. Ainsi, Jean-Pierre Raffarin avait-il vendu la mèche dès 2007, alors que le nouveau président de la République Nicolas Sarkozy commençait à évoquer son instauration. Jean-Pierre Raffarin  : «  Pour moi, la TVA sociale portera probablement atteinte au pouvoir d’achat des Français.  » La plupart des associations de consommateurs notent que cette imposition serait des plus inéquitables, en faisant supporter aux consommateurs tout le poids de la réforme fiscale   : une hausse de deux points de l’actuelle TVA à 19,6 % entraînerait en effet une ponction de plus de 10 milliards d’euros sur le budget des consommateurs. Pour les carburants, l’électricité et le gaz, la ponction sur les ménages seraient majorée de 777 millions d’euros. Plus systématiquement, sur un horizon de deux à trois ans, cette réforme équivaudrait à une dévaluation dans des proportions égales au nombre de points de cotisations déplacés. Les entreprises répercuteront immédiatement la hausse de la TVA sur leurs prix. En revanche, les salaires net de charges ne s’ajusteraient pas immédiatement, les salaires réels seraient donc amputés. Si les effets bénéfiques pour l’emploi et la compétitivité sont discutables, la seule certitude serait la diminution du pouvoir d’achat des salariés.
4. Le chantage toujours répété aux délocalisations pour justifier le recul social
«  Il faut alléger la pression sur le travail et faire contribuer financièrement les importations qui font concurrence à nos produits avec de la main-d’œuvre à bon marché.  » Cette petite phrase du discours de vœux de Nicolas Sarkozy lui a permis de présenter à mots couverts la «  TVA sociale  » (sic) comme une mesure propice à éviter les délocalisations et les licenciements massifs. En somme, toujours le même refrain  : diminuer le «  coût du travail  », les «  charges sociales  » pour des entreprises plus «  compétitives  ». Toujours le même chantage, déjà entonné en novembre par la patronne du Medef avec son «  pacte fiscal et social  ». Or, de nombreux dispositifs d’exonération existent déjà  : réduction Fillon sur les bas salaires, exonération des heures supplémentaires, zones franches, suppression de la taxe professionnelle. Ils ont fait la preuve de leur inefficacité  : ils n’ont en rien évité les 4 244 800 chômeurs en novembre dernier, ni les annonces tous azimuts de fermetures d’entreprises et autres plans de licenciements. Et pour cause, si la baisse de la rémunération du travail était réellement une solution viable, le salaire minimum chinois étant inférieur à 150 euros, cela signifierait supprimer au moins un zéro à toutes les fiches de paie. Et bien davantage à celles des patrons du CAC 40, qui ont touché en moyenne 2,46 millions en 2010. En réalité, la finalité de telles mesures est bien plus de permettre aux actionnaires de s’accaparer une part plus importante des richesses produites que de sauvegarder l’emploi.
5. Déshabiller la Sécurité sociale pour gaver l’assurance privée : Sarkozy copie Reagan
«  Nicolas Sarkozy commence sa campagne par le programme du Medef.  » Benoît Hamon n’a pas eu à se creuser la tête pour fustiger la « TVA sociale ». La droite prépare depuis longtemps l’abandon de la solidarité au profit d’une «  responsabilité individuelle  »  : moins d’État, plus de privé, c’est le credo reaganien des années 1980.
Selon Nicolas Sarkozy, il existe «  des nouveaux besoins sociaux dont la couverture ne peut reposer exclusivement sur la solidarité nationale  », comme il l’a déclaré devant le congrès de la Mutualité française, en juin 2009. Il acte une profonde modification du système de financement de la Sécurité sociale, non plus par un prélèvement à la source de la création de richesses (les cotisations sociales) mais par l’impôt, soumis à arbitrage politique  : en période de rigueur, il est aisé de tailler dans les dépenses de santé.
Lors d’un entretien télévisé, le 16 novembre 2010, le chef de l’État exposait la réforme gouvernementale du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. «  Faut-il faire un système assurantiel  ?  » glisse-t-il, faussement naïf, dans son intervention. Privilégier l’assurance privée, qui finance déjà «  12,5 % des dépenses françaises de santé, un record en Europe  », rappelle le site Déchiffrages, est la seconde étape du processus. Rappelons que le patron de l’assureur privé Malakoff Médéric n’est autre que Guillaume Sarkozy, frère aîné du président de la République. Les intérêts de classe s’accommodent aussi des intérêts familiaux.
6. D’autres pistes pour la compétitivité 
et pour la Sécurité sociale
Il y a d’autres voies que la fuite en avant dans la baisse du coût du travail, aussi dangereuse économiquement qu’injuste socialement, pour assurer la compétitivité de notre économie, tout en garantissant le financement d’un haut niveau de protection sociale. Davantage que par le dumping social, l’efficacité des entreprises passe par la formation, la sécurisation de l’emploi, la reconnaissance du travail des salariés. Elle implique, fondamentalement, de remettre en cause la logique court-termiste de la rentabilité financière, l’emprise mortifère du capitalisme financier, et de se doter des moyens d’une maîtrise publique du crédit en créant, par exemple, un pôle public bancaire, afin de placer le travail, l’activité économique utile, avant l’intérêt de l’actionnaire. Car ce sont bien les charges financières qui plombent les entreprises, et non le financement d’une protection sociale qui constitue, au demeurant, aussi un atout économique. En la matière, Nicolas Sarkozy en est resté, au mieux, au niveau des belles paroles, comme le montre le serpent de mer de la taxation des transactions financières. Quant aux délocalisations, «  pas besoin de “TVA sociale”  » pour lutter contre, «  on met des visas d’entrée aux marchandises  », avançait hier le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon. Soigner ainsi l’emploi, l’industrie, et revaloriser les salaires, voilà, du même coup, les meilleurs moyens de répondre aux besoins de financement de la Sécu.

jeudi 5 janvier 2012

TVA "sociale": nouvelle arnaque de la droite



A quelques mois de la fin de son mandat et dans la précipitation, le gouvernement s'apprête à instaurer une TVA abusivement affublée du qualificatif de « social ». Sous couvert de lutter contre les délocalisations, il s'agit d'alléger les prélèvements des employeurs pour augmenter ceux des ménages. C'est une attaque caractérisée contre la protection sociale et les ménages modestes, puisque beaucoup plus exposés à la TVA que les ménages aisés qui épargnent une partie de leur revenu.
La TVA "sociale", nouvelle arnaque de la droite a tout d'une TVA mais rien de social! Elle est le contraire de la solidarité. Le Front de gauche, lui, avance des mesures efficaces pour lutter contre les délocalisations : interdiction des licenciements boursiers, droit de reprise des salariés en cas de délocalisation, visas sociaux et écologiques ou encore obligation de rembourser les aides publiques pour les entreprises qui délocalisent.

Marine Le Pen amène le pire

mardi 3 janvier 2012

Nicolas Sarkozy met son échec sur le dos de la crise




A trois reprises, le Président de la République a menti au français ce soir lors de la présentation de ses voeux.
D’abord, en affirmant avoir toujours dit la vérité sur la crise, le Président a délibérément menti puisqu’en 2010, il disait que « l'année 2011 s'annonce comme porteuse d'espérance (..) la croissance revient (..) les grandes réformes commencent à porter leurs fruits ». Son allocution ce soir montre le formidable fiasco pour le quinquennat de l'actuel Président de la République.

Nicolas Sarkozy continue de masquer sa responsabilité dans la crise dont il reconnaît aujourd’hui qu’elle va se poursuivre. La vérité, c’est que le chef de l’Etat tente de mettre son échec sur le dos de la crise.
A l’entendre, ce ne sont ni les agences ni les marchés qui dictent sa politique alors que l’année 2011 a été rythmée par les pressions de ces marchés auxquels Nicolas Sarkozy a cherché à répondre en permanence.

Enfin, il cache la vérité sur les mesures en préparation pour le sommet du 18 janvier. Au nom de la formation des chômeurs, il prépare à conditionner et à restreindre les indemnités chômage au moment où le nombre de français-e-s sans emploi explose a cause de la politique que lui et son gouvernement mènent.
Sous prétexte d’assurer le financement de la protection sociale, il annonce en réalité un transfert massif des cotisations des entreprises sous forme d’un nouvel impôt : c’est la TVA qui ressort du placard.

2012 doit être l’année ou tout doit être fait pout se débarasser de Nicolas Sarkozy et de sa politique.
Le réalisme à gauche commande de rompre avec l’obsession ultra-réactionnaire du Président.
C'est dire si, pour battre Sarkozy et réussir après lui, il est nécessaire, à gauche, de rompre pour une autre logique comme y appelle le Front de gauche.