mercredi 5 octobre 2011

Palestine : les député-e-s ont interpellé le Président de la République



Monsieur Nicolas Sarkozy
Président de la République
Palais de l'Elysée
55, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
Monsieur le Président de la République,
Le 23 septembre, le Président Mahmoud Abbas, malgré toutes les pressions tendant à l’en dissuader, a solennellement présenté la demande d’adhésion de l’Etat palestinien aux Nations Unies.
Soixante-quatre ans après le Plan de partage de la Palestine à l’ONU, il s’agit d’une demande légitime. Le peuple palestinien a le droit à l'autodétermination. C’est une question de justice internationale.
Cette demande intervient alors que les négociations ont abouti à une impasse et que le gouvernement israélien, intransigeant, poursuit inlassablement le processus de colonisation des territoires occupés et la construction du mur de séparation avec la Cisjordanie, en violation des principes édictés par la Charte des Nations Unies (article 2§4) et en toute impunité.
Cette demande aux Nations Unies représente une fenêtre d’opportunité décisive. Une admission à l’ONU permettrait enfin l’existence de deux États disposant des mêmes droits et des mêmes devoirs, et donnerait ainsi une chance à la relance des négociations de paix, dans le cadre de l’ONU et sur la base de ses résolutions, lesquelles prescrivent l’établissement d'un Etat palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale, le démantèlement des colonies, la destruction du mur, une solution pour les réfugiés de 1948 fondée sur le droit au retour ou à compensation.
Si un membre permanent venait à utiliser son veto contre la demande d’adhésion de l’Etat palestinien aux Nations Unies, cela reviendrait à opposer un veto aux principes mêmes défendus par la Charte de l’ONU. Cela serait une remise en cause de la lettre et de l’esprit de la Charte de Nations Unies et du droit international dans son ensemble.
Par ailleurs, alors que 131 pays ont désormais reconnu la Palestine comme un Etat souverain, la proposition française de n’offrir qu’un «statut intermédiaire d’Etat observateur» n’est pas acceptable. Elle a de toute façon été repoussée par les deux parties.
À l’heure de l’émancipation des peuples arabes, la France doit prendre ses responsabilités et faire preuve de cohérence si elle ne veut pas une nouvelle fois perdre en crédibilité. Il n’est pas justifiable de soutenir la volonté de liberté des peuples arabes partout, excepté en Palestine.
Comme vous l’avez-vous-même reconnu lors de votre discours, à l’Assemblée générale des Nations Unies, le 21 septembre, le «miraculeux printemps des peuples arabes nous impose une obligation morale, une obligation politique de résoudre enfin le conflit du Moyen-Orient».
Nous souscrivons à cette affirmation et c’est la raison pour laquelle nous vous demandons de répondre favorablement à la demande d’adhésion de l’Etat palestinien aux Nations Unies.
Alors que huit des quinze membres du Conseil de Sécurité ont déjà soutenu la demande des Palestiniens, la voix de la France apparait plus que jamais décisive. Aussi, en reconnaissant pleinement la souveraineté et les frontières de la Palestine, la France serait-elle au rendez-vous de l’Histoire et apporterait-elle véritablement la preuve de son engagement en faveur de la paix au Proche-Orient.
Nous vous prions de recevoir, Monsieur le Président de la République, l'expression de nos sentiments respectueux.
Marie-Hélène AMIABLE, députée des Hauts-de-Seine
François ASENSI, député de Seine-Saint-Denis
Martine BILLARD, députée de Paris
Alain BOCQUET, député du Nord
Patrick BRAOUEZEC, député de Seine-Saint-Denis
Jean-Pierre BRARD, député de Seine-Saint-Denis
Marie-George BUFFET, députée de Seine-Saint-Denis
Jean-Jacques CANDELIER, député du Nord
André CHASSAIGNE, député du Puy-de-Dôme
Jacques DESALLANGRE, député de l’Aisne
Marc DOLEZ, député du Nord
Jacqueline FRAYSSE, députée des Hauts-de-Seine
André GERIN, député du Rhône
Pierre GOSNAT, député du Val-de-Marne
Jean-Paul LECOQ, député de Seine-Maritime
Roland MUZEAU, député des Hauts-de-Seine
Daniel PAUL, député de Seine-Maritime
Jean-Claude SANDRIER, député du Cher
Michel VAXES, député des Bouches-du-Rhône